vendredi 10 août 2007

Petites fleurs d'Ars - 09 - Pensées de Saint J.-M.-B. Vianney

Toutes les bonnes oeuvres réunies n'équivalent pas au saint sacrifice de la messe, parce qu'elles sont l'oeuvre des hommes, et la messe est l'oeuvre de Dieu. Le martyre n'est rien en comparaison; c'est le sacrifice que l'homme fait à Dieu de sa vie; la messe est le sacrifice que Dieu fait à l'homme de son corps et de son sang.
Lorsque nous sommes devant le Saint Sacrement, au lieu de regarder autour de nous, fermons nos yeux et ouvrons notre coeur; le bon Dieu ouvrira le sien. Nous irons à lui, il viendra à nous, l'un pour donner et l'autre pour recevoir: ce sera comme un souffle de l'un à l'autre.
Notre-Seigneur a dit: "Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous l'accordera." Jamais nous n'aurions pensé à demander à Dieu son propre Fils. Mais ce que l'homme n'aurait pu imaginer, Dieu l'a fait; ce que l'homme ne peut pas dire ni concevoir, et qu'il n'eût jamais osé désirer, Dieu, dans son amour, l'a dit, l'a conçu et l'a exécuté. Eussions-nous jamais osé dire à Dieu de faire mourir son Fils pour nous, de nous donner sa chair à manger et son sang à boire? Si tout cela n'était pas vrai, l'homme aurait donc pu imaginer des choses que Dieu ne peut pas faire? Il serait allé plus loin que Dieu dans les inventions de l'amour?... Ce n'est pas possible.
Tous les êtres de la création ont besoin de se nourrir pour vivre, c'est pour cela que le bon Dieu a fait croître les arbres et les plantes; c'est une table bien servie où tous les animaux viennent prendre la nourriture qui leur convient. Mais il faut aussi que l'âme se nourrisse. Lorsque Dieu voulut donner une nourriture à notre âme pour la soutenir dans le pèlerinage de la vie, il promena ses regards sur la création et ne trouva rien qui fût digne d'elle. Alors il se replia sur lui-même et résolut de se donner... O mon âme, que tu es grande, puisqu'il n'y a que Dieu qui puisse te contenter!
Le bon Dieu, voulant se donner à nous dans le sacrement de son amour, nous a donné un désir vaste et grand que Lui seul peut satisfaire...
A côté de ce beau sacrement, nous sommes comme une personne qui meurt de soif à côté d'une rivière: elle n'aurait cependant qu'à courber la tête!... comme une personne qui reste pauvre à côté d'un trésor; elle n'aurait qu'à tendre la main!
Que fait Notre-Seigneur dans le sacrement de son amour? Il a pris son bon coeur pour nous aimer. Il sort de ce coeur une transpiration de tendresse et de miséricorde pour noyer les péchés du monde.
Sans la divine Eucharistie, il n'y aurait point de bonheur en ce monde; la vie ne serait pas supportable. Quand nous recevons la sainte communion, nous recevons notre joie et notre bonheur.
Quand on fait la sainte communion, on sent quelque chose d'extraordinaire, un bien-être qui parcour le corps et se répand jusqu'aux extrémités. Qu'est-ce que ce bien-être? C'est Notre-Seigneur qui se communique à toutes les parties de notre corps et les fait tressaillir. Nous sommes obligés de dire comme saint Jean: "C'est le Seigneur!" Ceux qui ne sentent tout à fait rien sont bien à plaindre.
Quand nous venons de communier, si quelqu'un nous disait: "Qu'emportez-vous dans votre maison?" nous pourrions répondre: "J'emporte le ciel."
En sortant de la table sainte, nous sommes aussi heureux que les mages s'ils avaient pu emporter l'Enfant Jésus.
Lorsqu'on a communié, l'âme se roule dans le baume de l'amour comme l'abeille dans les fleurs.
On sait quand une âme a reçu dignement le sacrement de l'Eucharistie. Elle est tellement noyée dans l'amour, pénétrée et changée qu'on ne la reconnaît plus dans ses actions et dans ses paroles... Elle est humble, douce, mortifiée, charitable, modeste. C'est une âme capable des plus grands sacrifices.
Au jour du jugement, on verra briller la chair de Notre-Seigneur à travers le corps glorifié de ceux qui l'auront reçu dignement sur la terre, comme on voit briller de l'or dans du cuivre, ou de l'argent dans du plomb.
Allez à la communion, allez à Jésus avec amour et confiance! allez vivre de lui, afin de vivre pour lui! Ne dites pas que vous avez trop à faire. Le divin Sauveur n'a-t-il pas dit: "Venez à moi, vous qui travaillez!" Ne dites pas que vous n'en êtes pas digne. C'est vrai, vous n'en êtes pas digne, mais vous en avez besoin. Si Notre-Seigneur avait eu en vue notre dignité, il n'aurait jamais institué son beau sacrement d'amour; car personne au monde n'en est digne, ni les saints, ni les anges, ni les archanges, ni la Sainte Vierge, mais il a eu en vue nos besoins, et nous en avons tous besoin. Ne dites pas que vous avez trop de misères et que c'est pour cela que vous n'osez pas en approcher. J'aimerais autant vous entendre dire que vous êtes trop malade, et que c'est pour cela que vous ne voulez point faire de remède ni appeler de médicin.

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